J'ai toujours aimé la pluie, sauf le jour de Waterloo, il va sans dire. Petit, octobre était un de mes mois préférés. On appelle ça l'épisode cévenol : de grandes pluies, de grands orages. Avec mes frères, nous guettions le moindre éclair de nos fenêtres. La chance que nous avions était de vivre tout en haut d'une colline qui dominait la vallée de l'Hérault (nous pouvions admirer au loin les Pyrénées certaines fois). Le spectacle était fabuleux. Nous comptions les secondes entre le tonnerre et l'éclair. Nous nous émerveillions devant ce théâtre aux multiples acteurs. L'Hérault qui passait en bas à droite de la colline étendait son bras et enveloppait les vignes de son lit chaleureux. Les routes étaient coupées et bien sûr, cela signifiait que nous n'irions pas au collège. Autre moment de joie. Les pont étaient coupés. Petit, on s'imagine que l'eau engloutit le pont en son point culminant. L'image est impressionnante, il faut que la rivière monte de 15 mètres pour cela. Plus tard, on s'aperçoit juste que la rivière a coupé la route au pied du pont. L'impresion retombe.
C'est cette relation à la pluie que j'ai emmenée une fois adulte à Cochabamba. Ici, la saison des pluies ressemble quelque fois à ce que j'ai connu. Je prends toujours plaisir à l'observer, l'écouter, la toucher. Elle correspond en plus à mes périodes de vacances (3 semaines en décembre généralement). Étant dorénavant un peu plus casanier, je profite de la pluie pour m'emmitoufler dans mon canapé avec un bon livre, un bon jeu. Accompagné tout ça d'un bon café et d'un panettone fait maison et vous comprendrez que je continue d'entretenir cette relation. Évidemment quand il pleut très fort avec de forts orages, je repense à ces moments avec mes frères enfant et un petit sourire nostalgique se dessine sur mes lèvres. Une fois la saison des pluies passée, je me surprends à écouter de la pluie sur mon lecteur, soit pour lire soit pour dormir. Je ne sais pas d'où vient la pluie que j'écoute (c'est fou tout ce qu'on peut trouver sur Internet). Au final, j'aimerais pouvoir enregistrer la pluie de mon pays ou celle de Cochabamba. Quelque part c'est aussi du patrimoine... Ahhh ! À quoi devait ressembler la mélodie du ciel à Waterloo ?
Pour continuer sur ce thème et découvrir une partie de la France d'Outre-Mer, je vous propose le livre de Simone Schwarz-Bart, Pluie et vent sur Télumée Miracle. Le livre raconte l'histoire de Télumée, paysanne de la Guadeloupe née au début du siècle, a été élevée par sa grand-mère, "haute négresse" justement nommée Reine Sans Nom. Télumée a souffert de sa condition de femme, de Noire et d'exploitée. Pourtant, qu'elle soit en compagnie d'Élie ou à côté d'Amboise, le révolté, sa volonté de bonheur, de "récolter par pleins paniers cette douceur qui tombe du ciel", est la plus forte.
Vous retrouvez ce livre sous la cote 843 SCH

